La solidité

Réf. blog : CS2 - Date de mise à jour : 25-01-2020

La solidité, aptitude à remettre en cause ses aptitudes La solidité est l'aptitude à déformer plus ou moins l'importance de ses limitations dans ses autres aptitudes.



La solidité est […] la « crédibilité » en la décision prise ; elle mesure la confiance que nous avons dans nos propres aptitudes, dans nos limites, et donc plus généralement dans la valeur globale que nous estimons avoir - nous appellerons cette valeur la « prétention ».

Si notre solidité est faible, nous doutons de la pertinence de nos aptitudes, et en particulier de nos principes et de notre intelligence ; ce « doute » s'applique dans les deux sens : nous ne savons pas si nous valons plus ou moins que notre prétention.

Ce doute fait que nous craignons que la décision choisie soit mauvaise, c'est-à-dire source de dévalorisation, ce qui nous conduit à remettre en cause nos décisions à la moindre occasion. C'est ainsi que certaines personnes, manquant de confiance en elles-mêmes, reviennent constamment sur leur décision d'achat, changent d'avis au moindre obstacle, au moindre conseil survenant après leur décision. Les vendeurs connaissent bien cette indécision, qui peut brutalement détruire une vente qui semblait certaine.

A l'inverse, une personne de solidité élevée aura une grande confiance en elle. Bien entendu, cela ne l'empêchera pas de douter parfois de la décision à prendre dans une situation donnée : mais ce doute ne résultera pas d'un manque de confiance dans ses aptitudes, mais d'une volonté raisonnée : elle pense ne pas avoir les informations nécessaires pour décider au mieux. Dans tous les cas, cette personne ne sera pas influençable, et, dans la plupart des situations, sera assurée, aura une ligne de conduite précise ; dans une situation inhabituelle, elle ne perdra pas ses moyens.

Bien évidemment, la solidité est plus ou moins forte suivant les personnes, mais également suivant les périodes de la vie.

 

La solidité résulte de la comparaison

 

La solidité résulte de l'aptitude de l'homme à comparer ses décisions aux résultats qu'il obtient.

Grâce à son aptitude d'apprentissage par comparaison, l'homme compare les décisions qu'il prend aux résultats qu'il obtient : il prend ainsi conscience que son traitement de l'information peut être parfois erroné. Il peut aussi le croire parce que les gens qui l'entourent l'en persuadent. Il pourra en résulter un « traumatisme », qui l'amène à avoir des doutes sur ses aptitudes, sur lui-même, sur ce qu'il vaut, et à remettre en cause systématiquement les décisions générées par son traitement de l'information : sa solidité sera alors faible.

On notera que la solidité faible correspond à ce que Alfred Adler appelle « le sentiment d'infériorité ».

Solidité et valeur globale, prétention et valeur miroir

La solidité est maximale quand il y a égalité entre trois facteurs.

L'homme ressent une valeur globale de lui-même, à l'instant présent. Mais, grâce à son aptitude à la comparaison, il s'aperçoit aussi que cette valeur de lui-même à cet instant est différente de deux autres valeurs : d'une part, de la valeur de lui-même qu'il estime avoir (c'est la « prétention »), souvent plus élevée, d'autre part de la valeur (que nous appellerons « valeur miroir ») que, visiblement, les autres lui accordent. Nous avons donc déterminé respectivement 3 valeurs : valorisation globale, prétention, et valeur miroir.

Bien évidemment, les différences entre ces 3 valeurs nuisent à la solidité : il est difficile d'être solide si la valeur que l'on estime mériter (prétention) est supérieure à la valeur ressentie intérieurement (valorisation globale) ou encore supérieure à la valeur que les autres nous renvoient (valeur miroir).

Décrivons ces 3 valeurs :

La valorisation globale :

Tous les êtres humains cherchent à maximiser leur valeur globale, et c'est même le but de leur existence : tous nos actes sont guidés par cette volonté de valorisation de soi-même.

La prétention :

La « prétention » est la valeur globale minimale souhaitée, celle « qui nous suffirait » pour être équilibré. Tant que nous ne l'atteignons pas, nous nous sentons insatisfaits. Notre entourage, notre éducation, ont une grande importance dans la détermination de cette valeur.

Ainsi, un prince, un roi, ou simplement un enfant gâté, possèdent une très forte prétention : depuis la naissance, ils apprennent qu'ils ont beaucoup plus de valeur que les autres. D'une manière générale, la personne de forte prétention a des objectifs élevés, une haute opinion d'elle-même, ce qu'elle cache parfois. Par Exemple, Raoul est de forte prétention, mais de nature réservée. Cependant, aujourd'hui, il organise son anniversaire ; dans cette situation qui le valorise, on ne le reconnaît plus : lui qui parlait doucement et timidement a pris l'intonation et l'assurance d'un chef, donne des ordres, prend des initiatives : car il se sent enfin "reconnu" à sa vraie valeur.

Dans la vie quotidienne ou au travail, la personne de forte prétention se reconnaît aussi parce qu'elle n'accepte pas de faire des choses qu'elle estime « abaissantes » pour son image ; cela peut être : faire des grimaces pour un concours ou sortir les poubelles.

A l'inverse, Pierre, un homme simple, ayant une opinion trop modeste de lui-même, pourra être ébloui par d'autres hommes, par leur faste, la haute importance qu'ils se donnent, la considération que tous semblent leur donner. Il ne fera alors aucun doute pour lui que ces personnes ont plus de valeur que lui-même, et il leur accordera une haute estime ; parce que sa prétention est faible, Pierre ne cherchera pas les surpasser, et sera très influençable par elles. Pour lui, leur opinion a plus d'importance que la sienne : « finalement », se dit-il,  « même si j'ai l'impression que c'est cela qu'il faut faire, les autres ont sûrement raison : c'est probablement moi qui me trompe ».

La valeur miroir :

La valeur « miroir » est la valeur qui nous est renvoyée par le milieu extérieur, essentiellement par les autres hommes.

Beaucoup de gens ajustent leur valorisation globale à leur valeur miroir : si on ne les aime plus, s'ils se sentent (parfois à tort) en marge de la société ou responsables d'événements qui s'acharnent contre eux (drame, décès d'un proche, etc..) –leur valeur miroir est donc faible -, la valeur globale qu'ils ressentent diminue fortement; cela augmente donc le décalage avec leur prétention, ce qui peut les conduire à la dépression et parfois au suicide.

Il est en effet difficile de s'accorder une bonne valeur globale lorsque le monde extérieur semble vous renvoyer une image négative. Par exemple, une personne qui perd son travail ou échoue à un examen pourra ressentir une forte dévalorisation par rapport aux autres, d'où un stress durable.

Comment peut-elle réagir positivement dans une telle situation ? Parfois, elle diminue sa prétention, afin de diminuer l'écart entre la valeur globale ressentie et la valeur souhaitée (« prétention »), en se disant par exemple : « finalement, je crois – et je l'accepte – que je suis une personne de valeur moins importante que ce que je pensais auparavant ».

Parfois aussi, elle choisit de ne pas changer sa prétention, mais elle modifie ses principes, afin d'augmenter spontanément sa valeur globale : par exemple, si Jérémie, venant de perdre son emploi, possédait jusque-là des principes du type « un homme sans travail n'est plus rien » ou « les gens sans argent sont méprisables », il pourra décider qu'ils sont faux et adopter de nouveaux principes, tels que : «même des gens très bien peuvent se retrouver sans travail » ou « c'est peut-être pour moi une chance, l'occasion de repartir sur un autre métier qui me plaira plus ».



 

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