Les 4 motivations fondamentales

Réf. blog : MH2 - Date de mise à jour : 08-09-2019

Les motivations fondamentales d'un être vivant doivent être de se conserver et de se reproduire.
Sans elles, son espèce est vouée à disparaître.
On imagine bien en effet qu'une espèce qui n'a jamais envie de manger, boire, se protéger ou se reproduire ne peut pas se perpétuer.
Nos motivations sont donc liées à la satisfaction directe de nos deux instincts fondamentaux de conservation et reproduction. Ces deux instincts sont les deux moteurs essentiels de nos motivations : nous passons notre vie à essayer de les renforcer, ils sont à l'origine de tout ce que nous faisons.
On notera également que la motivation d'une action peut aussi consister à ne pas perdre quelque chose, à vouloir préserver un acquis.
Ainsi, le lion qui chasse une proie et la tue, est motivé par la faim.
Si un tigre survient avec des vues sur sa proie, le lion se battra contre celui-ci, sa motivation étant de préserver son butin.
De son côté, le tigre préférera probablement renoncer à la proie et battre en retraite, sa motivation étant alors de simplement conserver sa propre vie.

On peut en réalité distinguer quatre catégories fondamentales de motivations nécessaires à la survie de l'espèce, ces quatre motivations étant mises en avant de manière hormonale.
Toutes ces motivations sont liées à la notion de plaisir, le plaisir étant le moteur de la motivation.
Le terme « plaisir » est à prendre ici au sens large. Il s'agit d'un ressenti lié aux neurotransmetteurs produits dans notre cerveau ; ce ressenti peut être physique, mais il est également souvent lié à une « valorisation » de soi, un sentiment de bien-être ou d'importance de soi.
Par exemple, être félicité, recevoir une promotion, penser à nos prochaines vacances, penser à ses enfants, etc...

La première source de motivation : satisfaire la conservation.

La « conservation » est assurée par l'ensemble des actions physiologiques qui contribuent à conserver notre bon fonctionnement de base : respiration, nourriture, sommeil, chaleur. Chez les animaux évolués, chaque fois que l'on effectue une activité qui permet la conservation, il se produit une une sensation, un ressenti de plaisir, dont nous reparlerons plus loin, et que nous appellerons « valorisation ».
Par exemple, si vous mangez un gros gâteau, alors que vous êtes affamé, vous ressentirez de la « valorisation » sous forme de plaisir gustatif.

La seconde source de motivation : satisfaire la sécurité.

Il ne suffit pas de se nourrir pour perpétuer une espèce ; il convient également que celle-ci ne se mette pas en danger. Pour cette raison, la recherche de sécurité est une motivation fondamentale des êtres humains.
On a pu le constater très récemment avec l'épidémie de Covid19, où les populations cherchent d'abord à assurer leur subsistance en nourriture, puis se confinent pour leur sécurité, tous les autres achats étant suspendus.
Egalement, si une mère caresse les cheveux de son enfant, celui-ci aura du plaisir parce que cela constitue un signe indirect de sécurité : il se sent protégé, aimé, et elle peut donc se laisser aller, se relaxer en toute confiance.
Ainsi, des expériences animales ont montré qu'un petit sans affection ne peut survivre.
Pourquoi beaucoup d'animaux se déplacent-ils en troupeau ? Très probablement parce qu'ils se sentent plus en sécurité.
L'affection, l'amitié, l'amour, apportent un sentiment de sécurité (l'autre prend soin de nous), et sont ainsi très importants pour les êtres vivants évolués.


La troisième source de motivation : satisfaire la reproduction

De manière évidente, l'évolution nous a programmé pour que nous soyons incités à nous reproduire, afin de favoriser le développement de l'espèce
. Pour cela, nous avons vu qu'elle a inventé des hormones sexuels, qui permettent de déclencher une libération de gamètes sexuelles programmée. Plus tard, elle va aussi créer « le plaisir sexuel », la sexualité, pour inciter les êtres à se reproduire.
Ce plaisir est à la fois non durable dans le temps, et souvent non orienté sur un partenaire spécifique ce qui encourage les individus à renouveler régulièrement l'acte sexuel, et avec des partenaires multiples, favorisant ainsi à nouveau la reproduction.

La quatrième source de motivation : satisfaire la « perpétuation » («l'instinct maternel »).

La sexualité ne suffit pas à garantir la « reproduction » d'une espèce.
Une reproduction réussie nécessite la perpétuation, c'est-à-dire la conservation, la protection de notre progéniture, au moins durant le temps où celle-ci est incapable de subvenir seule à ses besoins.
Cela est encore une fois assuré par le système hormonal des animaux.
Cette motivation constitue donc à nouveau une motivation de sécurité et de conservation, mais pour sa progéniture et non pour soi. Dans la suite, lorsque nous parlerons de « motivation de conservation et sécurité » en général, nous sous-entendrons que cela inclut à la fois sa propre sécurité et celle de sa progéniture.

Une étude récente de 2017, menée dans 11 pays et publiée dans les Comptes rendus de l'académie américaine des sciences (PNAS), permettrait de confirmer l'existence d'un instinct maternel, non seulement chez les mammifères, mais aussi chez la femme.
L'instinct maternel, plus qu'un plaisir, est une force qui pousse la femme à serrer son petit contre elle, à le protéger quoi qu'il lui en coûte, y compris au dépens de sa propre vie.
Chez les animaux, l'instinct maternel peut être observé de manière flagrante.

Par exemple, considérons les « campagnols », une sorte de rats des champs.
Chez les campagnols de l'Illinois, l'hormone ocytocine est impliqué dans les contractions de l'accouchement et la lactation. C'est-à-dire que l'arrivée à maturation du fotus par l'organisme déclenche (probablement sous forme de synthèse de protéines) une sécrétion d'ocytocine, qui engendre elle-même des commandes, telles que les contractions et la production de lait. En outre, la femelle campagnol qui produit du lait est poussée spontanément à allaiter son petit, à le lécher, le prendre contre elle.

Des expériences sur ces rats campagnols ont montré l'importance incroyable des hormones dans leur comportement.
On a injecté de l'ocytocine dans le cerveau d'une femelle campagnol vierge : elle est devenue immédiatement très « maternelle » avec des petits  (qui ne sont évidemment pas les siens); elle les lèche, les protège, .

Inversement, si l'on supprime la circulation de l'ocytocine dans le cerveau d'une rate venant d'avoir des petits, son instinct maternel disparaît immédiatement : elle se désintéresse totalement de ses enfants.
On constate la même chose pour une brebis !
Chez les bébés humains, il existe probablement aussi des circuits nécessaires à leur bonne croissance, qui sont déclenchés par l'affection qu'on leur apporte...

On peut donc supposer que l'injection d'ocytocine active plusieurs circuits liés à l'instinct maternel, et permet l'augmentation du plaisir liées à ces circuits : par exemple, le circuit de « l'action de lécher », le circuit de « telle odeur », etc.

Donnons un autre exemple, cette fois chez les campagnols mâles : suivant les espèces, les campagnols peuvent être à tendance marquée polygame ou monogame. Or, on observe qu'une augmentation d'une autre hormone, la vasopressine, dans une aire précise du cerveau (le pallidum ventral) d'un campagnol mâle « polygame » le rend monogame !

On constate également que, outre sa fidélité, la vasopressine augmente l'instinct paternel du campagnol mâle .
Si maintenant, on diminue ce neurotransmetteur dans une autre aire du cerveau (l'amygdale médiane), on supprime le comportement d'attachement paternel aux petits : il ne les caresse plus, ne les lèche plus, etc.

Les êtres humains secrètent aussi de l'ocytocine et de la vasopressine.
L'ocytocine est souvent appelée hormone de la maternité, de l'amour et de la fidélité, car des expériences ont montré qu'elle favorise l'attachement dans le couple.
En outre, un lien entre l'ocytocine et l'attachement de la mère pour son nouveau-né a également été montré chez les humains.
De même, la vasopressine existe aussi chez les humains. Elle est étroitement reliée à l'ocytocine mais elle dépend de la testostérone ; elle est considérée comme une version mâle de l'ocytocine, et on la lie souvent à l'attachement (monogamie).




 

[Le cerveau]