Esprit de synthèse et d'analyse

Réf. blog : PI1 - Date de mise à jour : 15-06-2020

L'esprit de synthèse  L'esprit de synthèse  résulte essentiellement de l'intelligence associative, et implique la capacité de déduction.

Si Laura, à intelligence associative dominante, perçoit un ensemble d'informations, ces informations seront rapidement connectées entre elles et feront elles-mêmes penser à de multiples autres informations préalablement stockées en mémoire.
Si, en outre, Laura possède un peu d'intelligence comparative, ce qui est généralement le cas, elle sera capable au minimum de déduire les points communs évidents, « grossiers », entre ces multiples informations. Ainsi, elle sentira immédiatement la ressemblance entre de multiples informations à priori différentes. En particulier, Laura sera capable de structurer intuitivement ces informations.
C'est la raison pour laquelle, lorsque vous expliquez la règle d'un jeu à plusieurs personnes, certains comprennent immédiatement, alors que d'autres doivent se la faire expliquer « longuement », ne comprenant pas clairement la structure d'ensemble ou le rapport entre certaines idées.
Cette aptitude à générer une nouvelle information basée sur les ressemblances entre plusieurs informations constitue, par définition même, la capacité de déduction : on déduit intuitivement une ou plusieurs nouvelles informations précises à partir d'autres informations. Dans le langage courant, une telle aptitude est appelée « esprit de synthèse ». Il est remarquable de noter que les esprits de synthèse mettent en place, de manière plus ou moins consciente, une pondération statistique : face à de multiples informations, qui, parce qu'elles sont incomplètes ou ambiguës, peuvent conduire à des déductions différentes (et parfois contradictoires), la déduction qui « jaillit » en priorité dans leur esprit est toujours la déduction la plus pertinente, c'est-à-dire la plus probable (parce que c'est celle dont la valorisation est la plus forte). L'exemple le plus frappant est celui du détective Sherlock Holmes, qui voit spontanément apparaître une solution probable à partir de très nombreux éléments qui n'ont souvent apparemment aucun rapport les uns avec les autres.
Remarquons également que, pour l'apprentissage de la lecture chez les enfants, le conflit qui oppose les partisans de la méthode globale à ceux de la méthode syllabique résulte probablement des deux sortes d'intelligence : un enfant ayant l'esprit de synthèse apprendra facilement à lire avec la méthode globale, un enfant ayant plus l'esprit d'analyse que celui de synthèse apprendra mieux avec la méthode syllabique.

Votre nouvelle voiture

Lorsque vous montez pour la première fois dans la voiture que vous venez d'acheter, vous observez de multiples symboles sur le tableau de bord. Pour déterminer la signification de l'un d'eux sans mode d'emploi, il vous faut de l'esprit de synthèse.

Nous avons tous connu le stress du mode d'emploi en achetant une machine dont nous ne connaissons pas le fonctionnement, et dont la notice n'est pas très claire.

Problème : Supposons par exemple que vous veniez d'acquérir une nouvelle voiture. Vous ne retrouvez pas la notice, et vous demandez à quoi sert un bouton sur lequel on voit le symbole suivant



Traitement réceptif et associatif :

Le bon esprit de synthèse (s'il possède aussi une certaine réceptivité pour percevoir l'information) fera en particulier les associations d'idées suivantes, parmi de multiples autres associations :

 

Association : Ce symbole ressemble à une interdiction

 

Comparaison finale :

On effectue enfin une comparaison simple de toutes les associations d'idées précédentes :

La première et la troisième association ont en commun (ressemblance) le mot « vitre ». L'association de « vitre » avec le symbole d'interdiction permet alors de déduire à quoi sert le bouton : il est « très probable » que le bouton serve à interdire de baisser les vitres dans la voiture.

Votre machine à laver est en panne

Lorsque votre machine à laver le linge ne marche plus, vous regardez un peu partout pour voir si quelque chose cloche. Pour trouver la solution, vous utilisez encore votre esprit de synthèse.

Détaillons cet exemple de la vie quotidienne :  Problème : Votre machine à laver le linge ne marche plus : elle démarre, l'eau commence à se remplir, puis le programme s'arrête. A priori, vous supposez probable une panne du programmateur.

Traitement réceptif et associatif :

Le bon esprit de synthèse ne se bloquera pas sur l'idée d'une panne de programmateur, même si celle-ci lui paraît la plus évidente. Il percevra en effet intuitivement d'autres possibilités de panne. S'il possède de la réceptivité (esprit d'observation), il fera par exemple, et en particulier, les associations d'idées suivantes :
La programme de remplissage s'arrête à c'est peut-être dû à une panne du programmateur
Le programme de remplissage s'arrête à il n'y a pas assez d'eau
La machine ne se remplit pas d'eau à arrivée d'eau : le robinet d'eau est peut-être mal ouvert
La machine ne se remplit pas d'eau à arrivée d'eau : le tuyau de la machine est peut-être bouché

Comparaison finale :
La comparaison des trois dernières associations conduira à vérifier le robinet d'eau et le tuyau d'eau, et à constater, par exemple, que c'était le tuyau qui était bouché.

L'esprit de synthèse n'est pas suffisant pour avoir l'esprit pratique. Attention à ne pas confondre « esprit de synthèse » et « esprit pratique », ce dernier étant celui du débrouillard, du bricoleur. L'esprit de synthèse peut comprendre rapidement l'ensemble d'une situation à partir de quelques informations, et en déduire des idées, à condition qu'il possède déjà suffisamment d'informations en mémoire : s'il n'observe pas son environnement, le bon esprit de synthèse sera un piètre bricoleur.
L'esprit pratique est donc d'abord un observateur, un « touche à tout » : il pense spontanément à rechercher des informations dans son environnement ou à rechercher d'anciennes informations mémorisées de son environnement, lorsqu'il cherche à résoudre un problème. C'est même souvent pour lui un principe ; par expérience, il sait que son environnement peut souvent l'aider, et donc, il ne renonce pas facilement à fouiller et chercher. C'est seulement alors qu'il utilise sa synthèse, en comparant les multiples informations de son environnement avec son problème ou trouvant des relations avec celui-ci. Enfin, face à un problème aux informations limitées, il activera son analyse pour trouver une solution.

En conclusion, avoir un bon esprit pratique, c'est donc avoir à la fois un bon esprit d'observation (perméabilité), un bon principe, de la synthèse, de l'analyse.
Par exemple, si votre machine à laver est en panne, l'esprit pratique synthétique va tout démonter, chercher un peu partout, tripoter toutes les pièces et les fils, jusqu'à ce que lui vienne « l'intuition » de ce qui ne marche pas. Au contraire, le bricoleur qui possède plus l'esprit d'analyse préfèrera étudier le plan de montage de la machine plutôt que de chercher au hasard (car il n'est pas à l'aise dans ce type de recherche sur de multiples informations).

L'esprit d'analyse

L'esprit d'analyse résulte directement de l'aptitude de comparaison, et  implique donc la capacité à généraliser.
Ce qu'on appelle dans le langage courant l'esprit d'analyse correspond à l'intelligence comparative, appliquée sur un nombre d'informations limité. Cette intelligence permet donc de voir intuitivement, très rapidement, des ressemblances (et donc des différences) très fines sur un nombre d'idées restreintes.
Nous avons déjà signalé précédemment que l'intelligence comparative implique la capacité à généraliser, aptitude également appelée « induction ». Ainsi, l'esprit d'analyse sait bien tirer les concepts généraux, les règles générales, à partir des expériences qui se ressemblent, et adore élaborer des théories nouvelles.

Le chien et l'homme
A l'école, on vous a sûrement demandé d'effectuer des comparaisons sur deux textes, ou deux idées, comme par exemple « comparer l'homme et le chien ». Si vous en avez déduit des concepts généraux, alors vous avez fait appel à votre esprit d'analyse.
Considérons les deux informations suivantes : « l'homme a 2 jambes  » et « le chien a 4 pattes ».
En utilisant votre esprit d'analyse, vous effectuerez intuitivement une comparaison entre ces deux propositions, ce qui vous permettra de distinguer un point commun : dans les deux cas, il s'agit d'un être vivant avec des membres lui servant à se déplacer. L'homme et le chien se distinguent ainsi de la matière ou du ver de terre qui n'a pas de pattes.
Donc, vous avez créé intuitivement une catégorie générale spécifique aux êtres vivants à membres, dont font partie l'homme et le chien. Vous avez réalisé une « induction », c'est-à-dire que avez « induit » une information générale à partir d'exemples particuliers.

Les mathématiques
Les mathématiques constituent une science qui nécessite de bonnes aptitudes à la fois en synthèse et en analyse.
La synthèse (qui permet la déduction) est utile pour la compréhension rapide de l'univers mathématique et la résolution des problèmes : en effet, en mathématiques, on pose de multiples axiomes, puis on en déduit de multiples théorèmes et applications. Si l'on manque un peu de synthèse, on aura plus de difficultés à comprendre « immédiatement » : pour comprendre, on préfèrera « voir » des exercices, puis comparer l'exercice au cours théorique, et c'est seulement alors que ce cours s'éclairera. Egalement, sans synthèse, la déduction s'appuiera sur une connaissance récente, ou fortement ancrée en mémoire (on aura du mal à penser à utiliser une formule apprise dans un autre contexte).
Quant à elle, l'analyse est importante pour généraliser des résultats ou pour comparer deux propositions mathématiques. Si l'on manque un peu d'analyse, on saura déduire, mais on aura du mal à « sentir » les concepts de base.

  L'intelligence apporte une meilleure adaptation

Les intelligences synthétiques et analytiques s'appliquent sur des sujets privilégiés.
Les intelligences synthétiques et analytiques sont liées, nous l'avons vu, à la facilité d'établissement de connexions entre réseaux de neurones, quel que soit le type d'information contenues dans ces réseaux. Néanmoins, il semble que les connexions s'établissent plus facilement dans certaines situations : ainsi, des expériences sur les rats ont montré que leurs connexions neuronales sont plus nombreuses dans un environnement riche en perception.

L'observation des hommes nous suggère également que de nouvelles connexions neuronales s'établissent plus facilement lorsque les informations traitées concernent un sujet apprécié par la personne ou déjà maîtrisé. Par exemple, si vous êtes un spécialiste des trains, vous retiendrez plus facilement qu'un autre de nouvelles informations sur l'histoire, la construction, ou les composants techniques des trains. Cela pourrait s'expliquer ainsi : d'abord, lorsqu'un sujet nous intéresse, c'est que nous valorisons les informations concernant ce sujet ; donc les réseaux de neurones constituant ces informations sont plus fortement activés.
Ensuite, lorsqu'un sujet est bien connu, cela signifie que nous possédons déjà un réseau de neurones important et structuré concernant ce sujet. Ainsi, les nouvelles informations, non seulement trouvent facilement leur place dans l'architecture du réseau existant, mais également peuvent, sans difficulté faire de nombreuses associations et comparaisons simples, parce qu'il existe déjà de multiples informations existantes autour de ce sujet. En bref, mieux nous maîtrisons un sujet, plus nous avons de facilités pour l'approfondir.

Considérons par exemple Lydia, d'une intelligence moyenne (aux tests QI), passionnée de musique et maîtrisant la composition musicale. Elle a mis probablement plus de temps qu'une personne très « intelligente  », à structurer, organiser, comparer les informations perçues ; mais la quantité d'informations, le temps qu'elle y a passé, la répétition, la volonté, lui ont permis d'atteindre un très haut niveau de compétence.
Lydia est donc beaucoup plus « douée » pour la musique que beaucoup de gens, et en particulier que Marc, ayant une remarquable aptitude de synthèse et d'analyse, et musicien amateur à temps perdu. Ce dernier, cependant, à l'âge de trente ans, décide brusquement de se consacrer à sa passion, la musique, et de rattraper très rapidement, en moins d'un an, le temps perdu.
Remarquons qu'il n'y parviendra que dans une certaine mesure : car devenir un « expert » en musique ne nécessite pas seulement de pouvoir apprendre vite ; cela nécessite aussi de posséder une « bonne oreille », c'est-à-dire une aptitude de perception auditive sophistiquée, ainsi qu'une bonne dextérité sur divers instruments. Or, Marc ne sera jamais un excellent musicien parce que son système auditif ne lui permet pas de distinguer finement certains sons aigus, et que les automatismes nécessaires à la maîtrise des instruments (comme par exemple le piano) nécessitent des années d'apprentissage .  




 

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