Pourquoi sommes-nous capables de ressentir les émotions des autres ?

Réf. blog : PI3 - Date de mise à jour : 11-12-2019

L'apprentissage par association et la mémorisation à long terme se sont fortement développés avec les mammifères.
Désormais, une simple perception pourra être associée à des idées totalement diverses.
Par exemple, un chien qui voit un os peut penser successivement à son écuelle, son maître qui lui a donné un drôle d'os hier, ou encore la peur qu'il a eu en voyant cet os bouger (parce que c'était un jouet).
Chez les humains, ces associations sont multiples et très rapides : la véritable « imagination » est née.

Agir ou imaginer que l'on agit, c'est pareil !
On a vérifié expérimentalement que la pensée intérieure met en oeuvre les mêmes structures cérébrales que lorsque l'on exécute une action.
Ainsi, pour un chien, bouger la patte, ou imaginer qu'il la bouge, met en ouvre les mêmes réseaux neuronaux (sauf évidemment les réseaux de motoneurones reliés aux muscles de la patte).
Chez l'homme, Alain Berthoz a montré que lorsque l'on demande à quelqu'un de regarder successivement à droite puis à gauche, et ensuite de ne plus bouger les yeux mais seulement d'imaginer qu'il déplace son regard, on active les mêmes aires dans son cerveau, à l'exception des neurones moteurs chargés du mouvement final (bouger les yeux)...
Si le mouvement final, soit ici le fait de bouger ses yeux, n'est pas exécuté, c'est grâce à des neurones inhibiteurs.
Par exemple ici, pour les saccades oculaires, les neurones inhibiteurs qui bloquent l'action proviennent du tronc cérébral.

Et de même, lorsque nous observons quelqu'un agir, nous activons les mêmes neurones que si c'était nous qui agissions.

Lorsque nous observons une autre personne réaliser une action, les aires du cerveau qui sont activées sont « pratiquement » les mêmes que les aires qui seraient activées si nous réalisions nous-même l'action.
Giacomo Rizzolatti, Professeur à l'Université de Parme, en Italie, a mis en évidence une zone de « neurones miroirs » chez le singe ; ces neurones sont activés quand l'animal exécute un geste, mais aussi quand il observe ce geste effectué par un autre.
Egalement, Giovanni Buccino de l'université de Parme a montré en 2001 que lorsque nous observons une personne exécuter un mouvement de la main, c'est la zone du cerveau qui contrôle les muscles de notre main qui est activée.
Et de même si on regarde une personne exécuter n'importe quel mouvement, et en particulier un mouvement de la bouche.
Cela peut expliquer la tendance à l'imitation qu'ont les humains et qu'ont également de nombreux animaux : si quelqu'un rit, nous avons tendance à rire, si un oiseau s'envole, toute la troupe des oiseaux s'envole.

Voilà pourquoi nous pouvons facilement nous mettre à la place d'autrui !

L'observation confirme que les mêmes réseaux neuronaux (et en particulier ceux du cortex préfrontal médian) sont impliqués dans la conscience de soi et dans l'attribution d'états mentaux à autrui.
Cela explique pourquoi nous pouvons souvent « nous mettre à la place » d'une personne.
Nous activons les mêmes zones cérébrales qu'elle, nous ressentons ce qu'elle ressent.
Nous pouvons donc nous mettre à sa place !

 

[Le cerveau]