Les solidités fortes et faibles des caractères

Réf. blog : CS3 - Date de mise à jour : 02-03-2020

Chacun de nous possède une solidité à tendance faible ou forte

La solidité de notre caractère est mesurée par la crédibilité que nous accordons à notre prétention, qu'elle soit forte ou faible.
Si, en moyenne sur une certaine durée, cette crédibilité est forte, nous dirons que la solidité est forte, sinon nous dirons qu'elle est faible.
Dans cet article, nous nous appuierons souvent sur Alfred Adler, qui a consacré plusieurs ouvrages à l'étude de ce qu'il appelle le « complexe de supériorité » et du « sentiment d'infériorité », qui correspondent respectivement à la prétention forte et la solidité faible.


Les origines et les conséquences d'une solidité faible.


Une solidité faible est un obstacle au bonheur.
En effet, le bonheur parfait serait de vivre une succession ininterrompue de plaisirs, c'est-à-dire de valorisations.
Or comment être heureux si l'on doute constamment de sa valeur ? Egalement, et très logiquement, une solidité faible entraîne un manque de courage et de persévérance, un certain défaitisme face aux difficultés de la vie.
Alfred Adler a montré le rôle de l'enfance dans la formation de la prétention et de la solidité.
Ainsi, le dernier enfant d'une famille est souvent rabaissé par ses aînés.
Parfois, constamment humilié par ceux-ci, il finit par croire qu'il n'a pas beaucoup de valeur, et sa prétention devient basse.
Mais souvent, il ne veut pas renoncer à sa prétention.
Il va alors d'abord chercher à se battre contre l'opinion de ses aînés : son manque de reconnaissance le poussera à faire mieux que les autres pour montrer qu'il vaut « plus » que ce que l'on croit.
S'il échoue, sa solidité risque de devenir faible, auquel cas il doutera désormais de ses capacités; s'il réussit, sa solidité sera plus forte.
(Ce sera en particulier le cas si cet enfant est supérieur à ses aînés en quelque chose, comme par exemple les études).
Citons Adler (« Connaissance de l'homme ») : « 
Il n'est jamais agréable pour un enfant de se voir toujours traiter comme étant le plus petit, celui à qui l'on ne reconnaît pas de capacités, à qui l'on ne doit laisser aucune initiative.
Cela affecte l'enfant d'autant plus qu'en général il aspire à montrer tout ce qu'il peut faire.
Son aspiration à la puissance se trou­ve ainsi renforcée.
Un dernier-né sera donc le plus souvent un sujet ne se con­tentant que de la meilleure situation, toujours porté à sauter plus haut que les autres.
.
Si ceux-ci ne pouvaient être surpassés, il adviendra éventuellement que le plus jeune se décourage, devienne poltron et plaintif, cherche toujours des échap­patoires pour esquiver ses tâches.
Non pas que son ambition ait diminué, mais elle se transforme; il cherchera à la satisfaire sur un terrain extérieur aux obligations de la vie, à éviter le danger d'avoir à fournir des preuves de son pouvoir.
Beaucoup déjà ont été frappés de constater qu'habituellement un dernier-né se comporte comme s'il avait été humilié et portait en lui un sentiment d'infériorité.
Nous avons toujours pu observer ce sentiment au cours de nos recherches.
 »


La solidité faible entraîne souvent la volonté de se valoriser à bon compte.


Les personnes de solidité faible souffrent plus que les autres des situations dévalorisantes : parce qu'elles doutent fortement de leur valeur, un événement insignifiant, comme par exemple un propos maladroit d'une autre personne, un salut qui n'est pas rendu, les touchent plus que de raison, et les amènent quelquefois à déprimer.
Parfois, pour se revaloriser à bon compte, elles provoquent une lutte avec d'autres personnes, qu'elles pensent pouvoir dominer ou impressionner.
Par exemple, Dominique, tout au long de sa journée de travail, a dû supporter les critiques acerbes et agressives de son supérieur.
De retour à son foyer, il passe sa mauvaise humeur sur les membres de sa famille, et s'en prend également à son voisin qui fait trop de bruit.
Nuire aux autres, provoquer une lutte, tout en sachant que l'issue de cette lutte sera en sa faveur, ou au pire, peu contraignante pour lui, mais pénible pour autrui, est en effet un moyen pour Dominique de montrer qu'il a de l'influence, donc de se valoriser tout en occupant son esprit.
De la même manière, un enfant qui se sent mal-aimé de ses parents pourra se valoriser en rabaissant son petit frère.
Cette valorisation « à bon compte » existe aussi chez les animaux : une expérience faite par Henri Laborit montre que si, grâce à un courant électrique, on rend un rat agressif, puis qu'on met un autre rat dans la cage, ils se battent, et le rat se porte bien.
S'il reste seul, il dépérit et meurt.

La solidité forte est nécessaire au bonheur.


Le bonheur nécessite d'avoir accès à des plaisirs, mais aussi, comme nous l'avons signalé précédemment, de posséder une prétention « minimale » (pas trop faible) et une solidité forte.
Une étude sur un échantillon important de population a d'ailleurs montré que les personnes qui ont une bonne confiance en elles (c'est-à-dire qui possèdent une certaine prétention et une solidité forte) réussissent mieux socialement que celles qui ont un fort QI.
Ceux qui croient en eux-mêmes inspirent confiance et sécurité ; ils sont donc une « source » de valorisation, et on souhaite avoir leur estime : c'est pourquoi on leur accorde plus facilement des faveurs.
On a également constaté que leur réussite est d'autant plus forte qu'elles ont une bonne sensibilité.
Cela peut s'expliquer par le fait que les gens valorisent, et donc favorisent les personnes qui sont à leur écoute, qui peuvent les comprendre, se mettre à leur place.

La solidité forte augmente la durée de vie.


Une étude réalisée aux Etats-Unis souligne que, à conditions de santé égales, la mortalité de personnes âgés et pauvres qui participent à des activités bénévoles tournées vers les autres est inférieure de 60% à celle de gens qui ne le font pas.
On peut interpréter ces chiffres en disant que ces personnes sont plus heureuses : en rendant service à des personnes plus démunies qu'elles-mêmes, en ayant un but qu'elles jugent utile à l'humanité, ces personnes âgées augmentent leur confiance en leur propre valeur, c'est-à-dire leur solidité.
En outre, elles bénéficient chaque jour de multiples valorisations : le plaisir de se sentir utile, de rencontrer des gens, etc.

Les différentes facettes de la confiance en soi


Comment reconnaître une prétention forte associée à une solidité faible ?

Une prétention très forte se manifeste par un complexe de supériorité ; si, en outre, la solidité est faible, cela transparaît à travers un manque de confiance en soi, le besoin de rechercher constamment à se faire valoir, se faire reconnaître.
C'est ce que Alfred Adler appelle le « sentiment d'infériorité » (Adler, « le sens de la vie » ) :
« Le complexe de supériorité .. apparaît le plus souvent nettement dessiné dans l'attitude, les traits de caractère et l'opinion de l'indi­vidu, persuadé de ses propres dons et capacités, supérieurs à la moyenne de l'humanité.
.
les exagérations affectives comme la colère, le désir de vengeance, la tristesse, l'enthousiasme, le rire bruyant habituel, le regard fuyant, l'inatten­tion à écouter une conversation, la déviation du sujet de celle-ci sur soi-même, un enthousiasme habituel dans des occasions souvent futiles, démontrent très souvent un sentiment d'infériorité aboutissant à un complexe de supériorité.
»

Et une prétention faible associée à une solidité forte ?


Avoir une solidité forte, c'est avoir une opinion solide et constante de soi.
Cela ne signifie pas « avoir une haute opinion de soi » (prétention forte).
Par exemple, une personne qui s'accepte et se reconnaît peu intelligente, peu courageuse, et sans ambition par rapport à d'autres qu'elle admire, a une opinion d'elle-même qui est en permanence constante et solide, mais basse.
Elle sera bien équilibrée, mais, comme nous l'avons signalé précédemment, se sentant toujours « inférieure » aux autres, elle sera probablement peu heureuse.
Cependant, si elle parvient à se créer un environnement valorisant (famille, amis, etc), elle pourra connaître le bonheur.
De manière générale, l'idéal est d'avoir une opinion solide, mesurée et raisonnable (et donc globalement constante) de soi-même.
On sera alors très résistant à toutes les épreuves de la vie, et l'on gardera la tête sur les épaules lorsque la chance sourira ou qu'elle tournera.
Pour être heureux durablement, il est donc préférable de ne pas avoir une prétention ni trop importante, ni trop basse.

Comment rendre sa solidité forte ?


Si vous doutez souvent de vous-même, de vos capacités, de votre valeur, vous avez une solidité faible.
Comment pouvez-vous la renforcer ? Le meilleur moyen et de vous convaincre que les critères qui sont aujourd'hui valorisés par la société (citons entre autres la richesse, l'intelligence, la beauté, la réussite sociale et médiatique) ne l'ont pas toujours été : en d'autres temps, la société humaine aurait valorisé des aptitudes totalement différentes ; ainsi a-t-elle valorisé, au cours des siècles passés : la force, la bravoure, l'honneur, la lignée héréditaire, l'habileté, la culture, la répartie, le langage, la sagesse, etc.
Si vous admettez la relativité des critères de valeurs des hommes, vous en viendrez naturellement à la conclusion que la notion de valeur est une question d'époque ou de circonstances.
Vous serez donc obligé d'accorder autant de valeur à un riche, un pauvre, un laid, un beau, un bête, un intelligent, et donc amené à admettre l'égalité des hommes.
En faisant cela, vous court-circuiterez votre tendance à comparer qualitativement les gens entre eux et vous à eux : chaque être humain possède des aptitudes et une « valeur » spécifiques, et peut-être que ce clochard, peu considéré aujourd'hui, l'a été il y a dix ans ou l'aurait été il y a cent ans.
En admettant la valeur de tous, et donc la vôtre, vous serez plus serein face au jugement de la société, et surtout face à votre propre jugement de vous-même.




 

[La confiance en soi]